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PORTRAIT

Tiago Rodrigues

Faisons connaissance 

Marius Baulieu 

Nommé directeur du Théâtre National Dona Maria II, l'équivalent de la Comédie française, à 39 ans. Tiago Rodrigues, 42 ans, est un boulimique de travail : acteur, auteur, metteur en scène, directeur... Pour lui, la plus grande qualité d'un metteur en scène est l'amour des comédiens. 

Entre urgence et nécessité de faire du théâtre. Portrait d'un amoureux de la scène.  

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Né en 1977, d'un père journaliste, Tiago Rodrigues grandit dans les rédactions. Il intègre ensuite un conservatoire, où il avouera être un piètre comédien. Cependant, cette expérience le conduit à rencontrer la compagnie belge TG Stan. De cette rencontre c'est toute sa manière de travailler qui en découlera. Il co-crée et réalise avec tg STAN plusieurs spectacles en tournée dans plus de 15 pays. Cela lui permettra d'apprendre le français à l'âge de 20ans. 

En parallèle, Tiago poursuit un travail d’écriture pour différentes institutions : scénarios de cinéma, articles de presse, recueils de poèmes, préfaces et tribunes. En 2003, a l’âge de 26 ans, il fonde la compagnie Mundo Perfeito au sein de laquelle il débute une carrière d’auteur.

Depuis sa nomination à la tête du National à Lisbonne, il veille à moderniser l'institution, il obtient un renouvellement de son mandat jusqu'en 2020.  

Le plus grand danger du théâtre : L'ennui de la répétition 

Cela peut être déstabilisant pour les comédiens qui n'en ont pas l'habitude, avec Tiago Rodrigues la répétition prend une tournure qu'il convient d'apprivoiser. La répétition à un nom bien malheureux pour le jeune metteur en scène, qui ne conçoit pas qu'il faille discipliner nos corps et nos idées pour arriver à un but. Le théâtre c'est l'état d'être la, de construire, de se préparer mais aussi d'être toujours ouvert à penser autrement, à etre ouvert à l'alternatif. 

C'est donc un metteur en scène qui refuse de fixer trop tôt, préférant laisser la place à l'imprévu, aux problèmes à résoudre. 

Pour lui, l'idée de la proposition du comédien sera sans doute plus forte que celle du metteur en scène qui veut tout ranger. Seul le metteur en scène à la responsabilité de trouver une solution à ce qui n'a pas été résolu, le pouvoir est donné aux comédiens qui sont sans arrêt force de proposition. 

"A chercher à ranger et à fixer : on ne trouve rien"

Oublier l'efficacité ! 

Il aime le répéter en réplétion  il ne faut pas être sur l'efficacité. Il convient de la trouver dans la lenteur. Lorsqu'on lui demande qui est le chef sur scène, il répond au quart de seconde que seul le comédien est le boss. Non pas le texte, mais bel et bien le comédien. Ce n'est le texte écrit le boss, texte que chacun comprend, mais c'est l'acteur avec son l'interprétation portée par sa singularité qui est le boss. 

Une répétition c'est un menu de restaurant, explique-t-il. Il s'agit de préparer des entrées, des plats, des desserts, pour que le comédien soit capable de choisir le meilleur plat pour un soir de représentation. Nous sommes bien devant un spectacle vivant, qui sera modifié de soir en soir par les interprètes. 

Il écrit pour ses acteurs comme s'il écrivait des lettres d'amour, la réponse des acteurs est leur jeu sur scène, ils répondent à cette lettre par leur interprétation 

D'artiste indépendant au directeur

Avant sa nomination au théâtre national, il passe d'un travail avec une économie de moyen extrême au luxe du bâtiment rassemblant quatre-vingt-dix salariés. La vraie bataille théâtre est celle de sa place dans la société. Il souhaite un discours qui place le théâtre en tant que lieu central de la cité. Si cette pensée semble une évidence en France, cela est encore loin de l'être au Portugal. C'est ce à quoi il s'emploi dans son institution Lisboète. 

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