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THE NOTEBOOK

Forced entertainment

Critique

Marius Baulieu

Deux comédiens de Forced Entertainment lisent à l’unisson ce carnet de deux jumeaux réfugiés à la campagne pendant la guerre.

Crée en 2014, ce spectacle captivant de part son dépouillement quasi-total tourne encore aujourd'hui et c'est toujours un bonheur de suivre ce divertissement forcé. 

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Le moins que l'on puisse dire c'est que Forced entertainment n'est pas une compagnie qui ne se met pas en danger. Ici, ils sont à la recherche d'un dépouillement, d'une simplicité, pour  proposer le plus pur des théâtres. 

Avec leurs pièces, depuis 30 ans, ils questionnent la représentation théâtrale, cherchent à la déstructurer pour construire à partir de ce presque rien. 

Dans The Notebook, la compagnie s'est emparé du roman d’Ágota Kristóf (écrivaine et dramaturge suisse d'origine hongroise) du même nom. 

Ce livre fût publié en 1986, il constitue le premier tome de la « Trilogie des jumeaux », le deuxième tome étant La Preuve et la trilogie se terminant avec Le Troisième Mensonge.

Tour à tour, les deux comédiens vont se partager le texte ou s'en emparer ensemble, ce texte à l'extrême sobriété d'écriture produisant de puissantes images. 

C’est l’histoire de deux garçons, des jumeaux. L’action se déroule dans un pays européen qui n’est pas nommé (même si l’on sait que c’est de la Hongrie). Pendant la Seconde Guerre mondiale, leur mère évacue ses deux fils de la ville où ils habitent. Les jeunes hommes se retrouvent alors à la campagne, chez leur grand-mère dont ils ignoraient presque l’existence. C’est une vieille dame acariâtre, méchante, avare, qui les tolère à peine chez elle. Dans ce roman, les enfants racontent leurs découvertes et leurs apprentissages, la difficulté de survivre dans un pays ravagé où le froid et la faim règnent en maître.

La narration comme acte de mise en scène

Un plancher en bois, deux chaises, deux comédiens habillés à l'identique, avec des gestes similaires, jusqu'au même souffle de la parole...

La narration du roman, est justement ces deux jumeaux qui ne forment qu'un, le « nous » l’emporte et les deux frères parlent d’une seule voix. Une voix juste et neutre. Ils sont piégés dans une seule voix.

Et voila une pièce centrée sur l'importance du langage et de sa performativité. En effet les choses arrivent parce qu'elles sont énoncées.  Seul est important le comédien et le texte.

Les faits si simplement présentés, crées parfois un malaise dont le public s'échappera par quelques rires, un humour noir so British si bien maitrisé par la compagnie,  force l'audience à interpréter et à se décider, sur ce portrait inflexible de l'avenir de l'humanité, face aux guerres. 

N'en disons pas plus, vous serez suspendu à leurs lèvres pour connaitre la fin du carnet. 

 

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