EXCLU !
Séverine Chavrier
À l'instar d'Haneke, Genève aussi a sa pianiste !
Marius Baulieu
En avance sur la conférence de presse, Art au présent à reçu confirmation de la rumeur qui courait depuis une dizaine de jours (quoique récemment démentie) : c'est bien le nom de Séverine Chavrier qui fût retenu par la FAD pour succéder au fameux duo NDKM à la Comédie de Genève. Cette nomination vient clore le feuilleton passionnant mais néanmoins très secret qu'à été la course au deuxième théâtre francophone.
Exclu ! qui vient moucher quelques Orléanais, et en ravir d'autres, car elle sonne aussi son départ du Centre Dramatique National d'Orléans.
Après la parité, les têtes changent, la direction en place depuis une sixzaine d'années laisse sa place, mais bien souvent il ne s'agit que d'un jeu de chaises musicales auquel Séverine Chavrier a su donner le la et dicter le tempo.
Faisons connaissance avec une artiste complète.
Fleuron de la scène théâtrale européenne. Financés par la ville et le canton, et administré par la Fondation d'Art Dramatique (FAD), la Comédie de Genève a pour mission d’irriguer les Eaux-Vives à travers leurs créations, l’accueil de spectacles, le soutien aux compagnies locales, ainsi qu'en therme...
C'est pour toutes ces missions que la personnalité à la tête de prou du bateau à mener à bon port est d'une importance capitale, notamment lorsqu'il s'agit d'un quartier portuaire, à défaut d'être un théâtre au bord du lac. Lourde tache que de prendre le train en marche qu'est la nouvelle Comédie de Genève, inaugurée par Alain Berset et desservie par le Léman Express (qui n'a d'express que le nom...), 2 trams, et un arrêt de bus un peu plus loin.
A bientôt 48 ans et demi, Séverine Chavrier, issue d'une formation en lettres et en philosophie, a effectué ses études de piano au Conservatoire de Genève, expérience qui marquera profondément son parcours. D'elle, Séverine Chavrier a gardé un goût prononcé pour le mélange des genres dans sa carrière, de metteur en scène à directrice.
Elle est une artiste qui ne veut pas se limiter à un genre, celui de la musique, puisqu'elle va se tourner vers la scène. En effet, c'est vers 12 ans qu'elle va apprendre le piano, avant de rapidement se tourner vers ce qu'elle veut vraiment : la scène.
Dévorée de trop de passions !
Le bac en poche à 16 ans, elle s'inscrit d'abord en math sup, avant d'immédiatement bifurquer vers les lettres.
Elle abandonne un peu le piano, car "avec la musique on touche à la beauté et cela rend fragile", elle suit différents stages à la Comédie de Reims, au Nouveau Théâtre d’Angers ou encore à la Comédie de Caen où elle se forme auprès de Josef Nadj, Rodrigo et José Garcia, Jean-Michel Rabeux, Robert Cantarella, Christophe Rauck. Elle a également été l’élève de Michel Faux au cours Florent.
Philo, lettres, musique et théâtre en poche, Séverine Chavrier est une artiste complète face au cloisonnement des genres. Comment être capable de tout mélanger ?
Du sous-sol à Avignon à l'Esplanade Alice-Bailly 1, 1207 Genève.
Elle fonde sa propre compagnie "La Sérénade interrompue", avec laquelle elle développe une approche singulière de la mise en scène, où le théâtre dialogue avec la musique, mais aussi avec l'image et la littérature.
Quand elle propose à Rodolphe Burger (à prononcer Burgé et non à l'américaine) de l'aider dans la musique d'un projet avec Jean Louis Martinelli, elle en profite pour répéter dans les sous sols de Nanterre.
En sors une maquette repérée par quelqu'un du ministère de la culture, s'en suit une programmation par Martinelli. Le Centquatre s'est associé par la suite. Des représentants d'Avignon sont venus, la voilà programmée au festival !
En 2011, elle présente sa création Série B – Ballard J.G., inspirée de l’auteur de science-fiction britannique James Graham Ballard dont elle mélange les initiales. Elle continue par ailleurs un concert d’improvisation en duo avec Jean-Pierre (Drouet) qu’ils donnent au Festival d’Avignon, à l’Opéra de Lille et avec Bartabas, donc probablement en extérieur, en juin 2013.
A l’automne 2014, Séverine Chavrier monte Les Palmiers sauvages au Théâtre de Vidy-Lausanne, dont elle ne redescend plus. Suite à quoi elle crée Nous sommes repus mais pas repentis en mars 2016 avec la même équipe. Les deux pièces sont présentées à l’Odéon-Théâtre de l’Europe en mai et juin 2016, coproducteur familier de la Comédie de Genève.
"Les projets que j'ai faits à Vidy, je les ai faits aussi par
rapport à la Suisse"
En février 2015, elle propose pour le Festival Hors-Série au Théâtre de la Bastille le spectacle Après coups / Projet Un-Femme, pièce chorégraphique recréée en novembre 2015 au Théâtre Roger-Barat d’Herblay. Un second volet de ce projet chorégraphique verra le jour fin janvier 2017 au Théâtre de la Bastille, encore, et sera en tournée française (Centre Dramatique National de Normandie à Rouen, Les Subsistances – Lyon) ce qui est bien mais pas top non plus.
Suite à quoi elle sera nommé directrice du CDN d'Orléans, nouvelle période de sa carrière pendant laquelle elle se démarquera par sa ténacité. Elle donne, elle donne, mais visiblement elle ne reçoit pas assez. Lassée d'Orleans, elle postule à plusieurs postes de direction, multipliant les tentatives, elle n'en démord pas, s'acharne, ne lâche rien, ni ne baisse les bras, elle lutte, se bat, a parfois des doutes, comme tout le monde, mais elle ne se laisse pas abattre, face à l'adversité, elle réponds : non. Pari payant pour l'Annemassienne, qui en décrochant la direction de la Comédie de Genève se rapproche de ses terres natales (5 heures de voiture pour un Orléans-Annemasse, contre 20 minutes en vélo électrique en passant par la voie verte)
"A Orléans j'ai peur d'être une mauvaise artiste car j'ai un lieu" déclarait t-elle en 2017, notre analyse :
Force est de constater que la directrice du CDN d'Orléans a rempli les missions qui lui sont confiées suffisamment fort pour convaincre la FAD de lui donner les clefs d'un navire charriant un budget dans les 8 chiffres. Attention cependant à ne pas oublier les acteurs locaux. En effet le terreau genevois, terre fertile d'avenir, aura besoin d'être arrosé à hauteur de 6 ou 7 chiffres, pour que ses jeunes pousses puissent fleurir et ainsi assurer la relève de demain, jusqu'à s'exporter peut être, et comme le disait Barbara, refleurir Paris, qui en a bien besoin depuis le départ de Jean-Michel Ribes du Théâtre du Rond Point le 12 décembre 2022.
Comment notre nouvelle directrice s'en sortira-t'elle ? Affaire à suivre...
Pour en savoir plus sur la Comédie de Genève, mais pas plus que ça sur la succession du Rond Point, rendez-vous le 19 décembre à la conférence de presse organisée par la FAD.