SAISON SECHE
Phia Ménard
Critique
Madeleine Béranger
Nous aimions la poésie de Vortex ou PPP, les cycles personnelles de Phia Ménard, nous regrettons l'engagement trop vindicatif de Saison Sèche, ne laissant plus de place à l'imagination des spectateurs.
Bien que caricaturale, l'oeuvre de Phia Ménard n'en est pas moins engagée. Quand l'art s'engage.
Si l’écriture des spectacles de Phia Ménard, désormais politiques est sursignifiante de symboles, et offre, dans sa plasticité indéniable, un parcours parfois très balisé de lecture, et si la caricature est présente, l’oeuvre de Phia Ménard reste utile et nécessaire.
Certes nous étions habitués à des pièces plus pauvres, faites de ventilateurs et de sacs plastiques, ou bien de blocs de glace...aujourd'hui la jongleuse de formation se détache de toute forme poétique et s'attache à montrer une vérité de manière plus cru.
Le geste qui incarne le patriarcat qu'elle dénonce, et veut détruire.
A travers une marche anguleuse, droite, militaire que Phia Ménard fait danser à ses danseuses, elle entend critiquer et dénoncer haut et fort le patriarcat.
L'artiste entend mettre à mal l'affirmation de la fierté des hommes par ce geste qu'elle nomme "La bataille des avatars".
Pendant quinze minutes, les danseuses ne cesseront de reproduire ce même geste, une longueur rappelant que le patriarcat dure depuis plus de 2000 ans, mais aussi signifiant la difficulté pour les femmes de supporter cette soumission, et supposer faire se poser aux hommes la question : c'est nous ça ? Il faut que cela change.
Si le discours de Phia Ménard, est plein de sens, nous regrettons la forme de la pièce qu'elle a choisi. Perdant toute distance sur un problème qu'il convient, nous sommes d'accord, de régler.
"Le corps devient ce qu'on assigne. A la base un corps est neutre"
Puis dans le tableau suivant, nous voyons des corps tomber. Le message est clair : les hommes peuvent tomber. Et que, en quelque sorte, ils sont aussi assignés, et qu'ils souffrent aussi de cette assignation. La question est de savoir si nous pouvons leur permettre de sortir de cette assignation afin qu'ils rendent le pouvoir. La encore le tableau est illustratif, et nous regrettons l'absence de distance de la chorégraphe.
Dans un final aussi plastique que dérangeant, les murs vont s’écrouler et les parois dégouliner de la tourbe d’immondices engendrées par des siècles de patriarcat.
Un gros budget décor pour une pièce qui ne fera que prêcher les convaincus.