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Minuit 

Yoann Bourgeois 

Critique

Camille Winterthur

Mêler les arts, voila le pari réussi de Yoann Bourgeois dans son spectacle Minuit. Ce n’est pas du cirque, ce n’est pas de la danse ni du theatre non plus. Yoann Bourgeois propose une porosité des arts qui formeront un tout drôle, intelligent et poétique. 

Quand il y a une impossibilité de dire ce qu’il y aurait à dire … pourrait être le sous titre de la pièce La difficulté de parler mais aussi la place des corps masculins et féminins sont autant de thèmes aborder dans Minuit. 

Laissez vous porter par les images mentales qui vous sont proposées, elles ont beaucoup plus à dire que bien des mots … 

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C’est une pièce au temps ralenti, dilaté qui nous est proposé. C’est le temps de construction des images mentales, à l’inverse d’un effet de réalisme qui nous rappellerait trop le cirque. 

Dés le debut, le mode d’emploi du spectacle nous est montré par la musicienne qui compose en live une musique à base de loops. La stratification de cette musique nous montre le chemin de la pièce. 

 

L’homme sera présenté comme celui qui n’arrive pas à communiquer, l’impossibilité de parler. La femme sera l’objet du désir, hors d’atteinte. 

Sans dévoiler les magnifiques images qui nous sont proposés, nous nous demanderons ce qu’est un mannequin, ce qu’est un corps vivant ou mort, s’il s’agit du vivant ou des objets … 

 

Face à la récurrence de l’homme à ne pas arriver à parler, micro trop court, cable élastique, perte de ses membres ou micro en mouvement devant lui rappelant la célèbre scène du Dictateur de Chaplin où le micro se refuse à lui, l’ensemble de ce chaos mentale viendra prendre sens par la parole même. Le très beau texte absurde d’une histoire d’amour où l’homme bravera des montagnes pour retrouver celle qu’il aime. 

Les propositions sont troublantes, la danse est volante, un trampoline nous parle de l'histoire qui se répète, les corps se disloquent, la jonglerie est bien plus que de la jonglerie, mais tout cela sert à parler à notre corps, jusqu'au texte en voix off qui fera se relever et prendre sens l'ensemble de nos sensations. 

 

Ce n’est pas mentalement qu’il faudra comprendre cette pièce, mais physiquement. C’est cette autre regard qui vous fera accédez à tout ce qui n’est pas dit. 

« Il ne faut pas comprendre, mon petit monsieur, il faut perdre connaissance » disait Ysé dans Le partage de midi de Paul Claudel. Voila ce que nous propose Yoann Bourgeois, un voyage intérieur provoqué par le non dit de l’oeuvre d’art. 

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