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Mary said what she said
Robert Wilson

Critique

Marius Baulieu

Pour la troisième fois Robert Wilson retrouve Isabelle Huppert avec cette fois un monologue signé Darryl Pinckney sur Mary Stuart. La comédienne, seule en scène est au sommet de son art dans ce spectacle à l'esthétique irréprochable. 

Avec pour seul décor les magnifiques lumières, l'actrice nous apparait comme une image mentale hypnotisante. 

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C'est à l'espace Pierre Cardin que se retrouvent Isabelle Huppert et Robert Wilson, 10 ans après Quartett. 

Un rideau rouge se lève, Isabelle Huppert dos au public, immobile, entame la première partie du monologue avant de se retourner et d'avancer lentement vers le public. Dès le début  les lumières projetées sur fond blanc au lointain sont hypnotisantes.

Fixant l'horizon, est-elle réelle ou mentale, rêve ou cauchemar, le souvenir de cette reine éclôt, elle est intemporelle. 

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Le monologue se divise en trois parties : son adolescence en France, ses dix-huit années d'emprisonnement, et les heurts qu'elle a du affronter. Nous plongeons pendant près d'une heure et demie dans le souvenir du destin tragique de Mary Stuart. 

Cette femme qui est devenue reine alors qu'elle n'a que 6 jours, puis reine de France à 16 ans avant de retourner en écosse où les conflits religieux règnent. Suite à un mariage avec son cousin qui mourra assassiné, elle épousera son assassin et finira emprisonnée puis décapitée. 

 

Le monologue prend place la veille de son exécution, Mary Stuart se souvient de sa vie. Le monochrome de lumière blanche force à voir la comédienne à contre jour au debut, la musique envahie l'espace et Mary Stuart lutte pour raconter sa vie.

Isabelle Huppert est captivante, telle est une statue pour l'éternité, la chorégraphie de mouvements de Robert Wilson commence à apparaitre. Isabelle Huppert au rythme du texte balancé effectue des gestes qui la grandisse, la courbe, la renforce... 

Dans la seconde partie, consacré à son emprisonnement, Robert Wilson place son actrice derrière une immense vitre où une brume de fumée envahie tout son espace, comme un avant goût de mort. L'esthétique est irréprochable.  

En dernière partie, Isabelle Huppert excelle dans son art. Elle effectue d'innombrables allés retours sans jamais se retourner, au rythme effréné de la musique de Ludovico Einaudi et du texte. A cela s'ajoute les mouvements en répétition, c'est une danse de mort, elle est touchante et puissante, elle refuse la mort, c'est son dernier combat. 

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L'ensemble du texte devient une matière sonore pour l'actrice dans une matière lumineuse blanche, c'est une ouverture d'un monde mental de souvenirs, le spectateur est appelé à imaginer et à constituer le puzzle qui s'écrit devant lui. 

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