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LES ITALIENS

Massimo Furlan

Critique

Marius Baulieu

Fidèle au théâtre qu'il développe, Massimo Furlan donne la parole à huit retraités italiens qui chaque jour se retrouvent dans le foyer ou sur la terrasse du théâtre pour jouer aux cartes. Ils vont partager leurs souvenirs et leurs rêves, entre leur Italie natale qu’ils ont quitté il y a 50 ans et une Suisse moderne qu’ils ont contribué à bâtir.

Des récits bouleversants hélas desservis par des facilités de mise en scène.  

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C'est sur un plateau entièrement nu que Massimo Furlan décide de commencer son spectacle, avec la voix (off) des futurs protagonistes qui tour à tour vont se présenter. Leur figures apparaissent et surgissent deux danseuses classiques en tutu qui vont aller interroger ses italiens sur leur rêves. L'un aurait voulu être footballer, le second chanteur, et le troisième Fernandel. Ils vont ensuite, en enlevant leurs vêtements laisser apparaitre le costume de Spider Man. Tel des héros c'est en conquérants, en sauveurs, qu'ils vont se rendre en Suisse. 

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C'est en Fiat 500, que les 3 retraités vont revenir sur le plateau pour marquer leur entrée en Suisse. Sur le plateau, dans un nuage de fumée c'est Helvetia, la figure allégorique personnifiant de la Suisse qui va les accueillir. "passeport, permis de séjour, rien à déclarer" dira-t-elle d'une voix froide. Puis, ils vont hisser Helvetia en hauteur et soulever la Fiat 500 dans les airs, à bout de bras. C'est avec humour que Massimo Furlan met en scène cette venue dans un pays étranger, mais nous regrettons l'usage d'un tel lieu commun qui restera au stade du cliché. Non que le cliché ne puisse être utilisé mais il vient ici souligner le propos qui aurait mérité une plus grande singularité en lien avec les témoignages incroyablement touchants. 

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Sans transition, le spectacle se prolonge, les histoires de ces Italiens sont sincères et il faut bien l'avouer vous prennent par moment à la gorge.

 

Ils racontent leur petits boulots : saisonnier, portier, concierge, chauffeur... leur rencontre avec leurs femmes suisse. Celui qui rêvait d'être Fernandel explique qu'il a pu le servir alors qu'il travaillait dans un palace Lausannois. 

Nous retiendrons la dernière phrase de l'un d'entre eux "Je reste dans mon deuxième pays, la Suisse, ce merveilleux pays", bien que ces témoignages soient extrêmement sincères, nous ressortons de la salle avec le sentiment amer que la suisse est un merveilleux pays d'accueil... Quid de cette question aujourd'hui ? En effet, ils sont venus alors que le pays manquait de main d'oeuvre, seulement un tel discours sur l'immigration aujourd'hui ne saurait se limiter à celui des années septante. 

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Une danseuse, Alexia Casciaro, originaire des Pouilles deviendra chanteuse à paillettes (Dalida?) avant de lâcher  "Je ne peux plus continuer". Face public, elle raconte le cancer de sa grand-mère, la dureté de son grand-père, la belle robe que sa grand mère n'a pu porter que dans sa tombe. C'est avec beaucoup d'émotions qu'elle explique qu'elle a souhaité fuir son héritage et le poids d'une Italie archaïque. Etrangère en Suisse et en Italie. Poignant. 

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Fidèles du théâtre de Vidy, ces Italiens y viennent tous les jours pour jouer aux cartes. Ils reproduiront tous ensemble ce moment sacré de la journée. Ce moment, attendu par le spectateur est ici traité une nouvelle fois avec cliché, dans une cacophonie de paroles censées faire revivre ce moment.  

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Finalement, ils retrouveront leurs habits à la fin et partiront comme ils sont venu, prêt à retourner jouer aux cartes dans le foyer du théâtre... 

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