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Fauves

Wajdi Mouawad

Critique

Marius Baulieu

L'actuel directeur du théâtre de la Colline revient avec Fauves, une pièce volontairement feuilletonesque, aux multiples rebondissements tous plus improbables les uns que les autres. Si le spectateur est tenu en haleine par ces ficelles scénaristiques, la sensation de trop de tout aura raison de nous et nous laissera avec le sentiment d'avoir vu une saison entière d'une série télé intitulée Fauves. 

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Wajdi Mouawad ne s'arrête pas au vraisemblable, reconnaissons lui cette qualité indéniable qui permet à cette histoire rocambolesque de se dérouler devant nous. 

Meurtres, mari collabo, incestes, prison, Syrie, Bataclan, échange de nouveaux nés et même la planète Mars pour couronner le tout. Le moins que l'on puisse dire c'est que tout y est, tout les penchants de notre monde se retrouvent au sein d'une unique famille. Le tout renforcé par une musique qui vient appuyer la narration au lieu de lui donner du relief. 

L'auteur souhaite ne rien s'interdire, seulement nous avons du mal à être touché par cette histoire qui se finira par le voyage en espace du fils spationaute. Décidément monsieur et madame tout le monde n'ont qu'à bien se tenir, nous ne parlerons pas d'eux sur scène. 

Un père réalisateur, un fils spationaute, une soeur qui se suicide après avoir couché avec son grand-père qui, en fait, ne l'est pas, un grand mère assassinant son mari collabo...et encore ce n'est que le début ! 

Chaque personnage, malgré l'excellente distribution, se retrouvera enfermé dans son stéréotype et nous assisterons hélas à une mauvaise série B. 

Les incessants changements de décors, extrêmement maitrisés, viennent par différents agencements proposer un second niveau spatio-temporel qui permet aux personnages d'être spectateurs du passé de leurs ainés, sans toute fois pouvoir agir dessus. 

A travers cette mise en scène efficace, nous assistons à une fresque qui se déroule sans accroc faites de flashs back et de répétitions de scènes permettant à l'intrigue de gagner en suspens, explosant l'unité de temps et de lieu. 

Mais qu'a donc voulu nous dire Wajdi Mouawad ? 

 

Qu'il faut vivre, comme le conclut le fils regardant la terre depuis l'espace... Seulement au terme de cette traversée mondiale, d'Alep à Montréal en passant par Paris et le Groenland, nous remarquons que les personnages semblent payer le passé de leurs ainés. Comment en attester le contraire ? 

Il faut vivre, certes, mais la morale de l'histoire semble plus vouloir dire que l'humanité est annihilée par les crimes de nos ainés, et que les hommes n'auront de cesse de payer le prix cher du passé. 

Vu au théâtre de la Colline. 

Du 9 au 21 juin 2019. 

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