JUSQUE DANS VOS BRAS
Chiens de Navarre
Critique
Marius Baulieu
Les pièces des Chiens de Navarre deviennent des rendez-vous pour un public conquis d'avance.
Avec en grande majorité de nouveaux comédiens, la troupe est sur le chemin d'un renouvellement. Encore des marques à prendre, même si nous n'avons pas boudé notre plaisir.
La troupe fait peau neuve, heureusement Celine Fuhrer reste pour notre plus grand bonheur. Nous découvrons donc de nouveaux comédiens pour ce nouveau spectacle. Légèrement en retrait par rapport aux doyens encore présents, nous regrettons de ne pas plus les découvrir, car ils sont prometteurs c'est sûr. Nous ne boudons néanmoins pas notre rire.
Et pour dénoncer les ridicules débats autour de l’identité française, on convoque Marie-Antoinette et sa gorge tranchée, un Charles de Gaulle maghrébin, une Jeanne d’Arc pour le moins triviale. Le burlesque est roi et manié de mains de maître.
La première scène, entièrement muette, loufoque et provocante reste ce que les Chiens de Navarre savent faire de mieux. Un enterrement national va virer au pugilat, dès les premières minutes le public est plié et scotché. Un grand moment de théâtre.
Dans un tableau où un couple aisé accueille des migrants chez eux, "Vous avez fait bon voyage ?", demande la femme, campée par la détonnante Celine Fuhrer. Ils vont multiplier les gaffes et autres remarques dérangeantes. Ironie poussée à l'extreme lorsque les migrants débattent de danse contemporaine. Jubilatoire !
Jusqu’au sauvetage d’un canot de fortune avec à son bord des migrants pour lequel les spectateurs sont sollicités sous l’œil goguenard d'un requin sortis tout droit d’un Walt Disney.
Il y aura aussi un pique-nique dont le discours sera politiquement très incorrect, qui cumulera les clichés racistes tandis qu’en arrière plan un naturiste à hurler de rire s’ébroue, lui aussi sans complexe. Les Chiens de Navarre n’épargnent rien ni personne.
Seul le public semble un peu plus confortable qu'aux précédentes créations, un peu moins titillé par les comédiens.
Nous noterons aussi le sketch très réussi entre un migrant et un conseiller OFPRA accompagnée d'une traductrice pour le moins bête, à mourir de rire.
Le rire était donc comme à chaque fois de la partie, dans cette succession de tableaux, nous regrettons légèrement les pensées plus flottantes sur ce thème d'actualité franco-français.