CHAMONIX
Les 26000 Couverts
A l'heure du réchauffement climatique, les 26000 Couverts nous servent du réchauffé
Madeleine Béranger
On se souvient avec délice de L'Idéal Club, cabaret drolatique des 26000 couverts, spectacle culte créé en 2010 et représenté plus de trois-cent fois. Depuis vingt ans, la troupe emmenée par Philippe Nicolle n’a eu de cesse à travers ses multiples créations de régaler la rue et la scène, en véritable maître de l'humour iconoclaste, déjanté et de l'irrévérence intelligente. Dans la continuité de leurs créations Monty Pythonnesques, leur dernier opus, "Chamonix," présenté au Théâtre du Rond Point, promettait une expérience tout aussi jubilatoire. Plongeant les spectateur.ices dans un univers interstellaire en 6302, où les Intras (espèces de grosses larves habitant les entrailles de la planète Terre) ont conduit l'humanité au suicide collectif, les 26000 Couverts explorent ce scénario improbable en s’essayant à la comédie musicale.
Malheureusement, le pari n’est pas vraiment réussi. La comédie musicale, initialement présentée comme absurde et tordante, laisse plutôt perplexe, dévoilant un mélange confus d'idées réchauffées. La finesse de l’humour des 26000 couverts se perd dès les premières minutes, lorsque la chanson d’ouverture du spectacle Chamonix part à la dérive dans des blagues grivoises et lourdingues, provoquant dans la salle quelques rires gênés. L'abus d'éléments burlesques, tels que les légendes urbaines sur les Apéricubes et l’amour des français pour la fondue, n’arrive pas réellement à dépasser les clichés et le propos politique du spectacle (pourtant nécessaire) sombre bien vite dans un didactisme forcené.
Malgré de jolies performances des interprètes et certaines trouvailles de mise en scène où l’on retrouve bien l’esthétique de la troupe, le spectacle s'égare dans des blagues à répétition qui en deviennent ennuyantes : l’iconoclasme devient excessif, flirtant parfois avec la gratuité, et laissant une désagréable impression de superficialité. "Chamonix" des 26000 Couverts, malgré ses belles promesses, se révèle être une farce forcée qui, en se voulant désopilante, s’égare dans un trop plein de facilités. Qu’à cela ne tienne, nous attendrons le prochain spectacle des 26000 en espérant que Chamonix n’était qu’une simple erreur de parcours, chose qui évidemment, peut arriver, et qui n’enlève rien d’ailleurs à leur travail et à leur inventivité.
> Spectacle à découvrir du 8 au 31 décembre 2023 au Théâtre du Rond Point puis en tournée.
Mise en scène : Philippe Nicolle
Ecriture : Philippe Nicolle et Gabor Rassov
Création musicale : Aymeric Descharrières, Erwan Laurent, Christophe Arnulf et Anthony Dascola
Avec : Kamel Abdessadok, Christophe Arnulf, Aymeric Descharrières, Olivier Dureuil, Patrick Girot,
Erwan Laurent, Clara Marchina, Florence Nicolle, Philippe Nicolle ou Gabor Rassov, Ingrid Strelkoff
Régie générale et plateau : Patrick Girot
Régie plateau : Laurence Rossignol et Christophe Pierron
Son : Anthony Dascola
Lumières : Paul Deschamps
Chorégraphies : Laurent Falguieras
Scénographie Construction Accessoires : Patrick Girot, Julien Lett, Michel Mugnier,
Laurence Rossignolavec l’aide de Sophie Deck, Marek Guillemeneu et Zazie Passajou
Costumes : Camille Perreau, Sara Sandqvist
Marionnette : Carole Allemand
Maquillage, coiffure : Pascal Jéhan
Assistanat à la mise en scène : Sarah Douhaire, Lise Le Joncour
Direction technique : Daniel Scalliet
Coordination compagnie et tournée : Lise Le Joncour
Administration : Marion Godey
Production : Claire Lacroix
Diffusion : Les drôles de Dames
Production : 26000 couverts
Coproductions : Les Tombées de la Nuit et l’Opéra de Rennes - Théâtre Dijon Bourgogne Centre Dramatique National - Espace des Arts, Scène Nationale Chalon-sur-Saône - Points Communs, Nouvelle Scène Nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise - Le Parvis, Scène Nationale Tarbes Pyrénées - Les Quinconces et l’Espal, Scène Nationale, Le Mans - Centre Dramatique National de Normandie Rouen - Théâtre Molière Sète, Scène Nationale Archipel de Thau - Théâtre de Corbeil-Essonnes / Grand Paris - Opéra de Dijon - Furies, Châlons-en-Champagne - La Passerelle, Scène Nationale de Gap Alpes du Sud - Théâtre Edwige Feuillère, Scène Conventionnée Voix d’enfants, Vesoul - Théâtres en Dracénie, Scène Conventionnée Art et Création Danse, Draguignan.
Avec le soutien de la DGCA Ministère de la Culture, la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, la ville de Dijon, la Région Bourgogne-Franche-Comté, la Spedidam, la Chartreuse Villeneuve-lez-Avignon Centre National Écritures du Spectacle, la Cité de la Voix Vézelay Bourgogne Franche-Comté et la Maison Copeau Pernand-Vergelesses