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CA NE SE PASSE JAMAIS COMME PREVU

Tiago RODRIGUES

Critique

Marius Baulieu 

Les futurs diplômés de la Manufacture ont la chance de travailler sous la direction d'un amoureux des comédiens, une étoile du théâtre dont l'Europe théâtrale s'arrache les créations : Tiago Rodrigues.

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Après la consécration Avignonnaise en 2017 avec Sopro, Tiago Rodrigues, directeur du théâtre national de Lisbonne, met en scène la promotion sortante de l'école de la Manufacture. C'est au Teatro Nacional D. Maria II de Lisbonne que les élèves de la promotion I du Bachelor théâtre de Lausanne, ont préparé leur spectacle "Ça ne se passe jamais comme prévu", sous la direction de Tiago Rodrigues. 

Il leur a fait découvrir sa ville, a recueilli leurs impressions. Au final : un spectacle de sortie en forme de seize lettres d'adieu.

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"J’écris toujours en fonction de mes interprètes car une pièce de théâtre c’est aussi et d’abord une rencontre, une expérience commune"

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Le texte de la pièce leur va comme un gant, un gant du marchand Ulysse que l'on apprendra à aimer au fil de la pièce. Dans sa boutique, où un seul client peut rentrer à chaque fois !

Et pour leur faire un texte sur mesure, Tiago Rodrigues leur a demandé de revenir de leur visites de la ville avec des moments de vie, des anecdotes, qu'il appelle Polaroïd. 
La nuit il écrivait pour chacun, rassemblant les histoires ramenées par les étudiants.

A la clés, ce sont seize, enfin dix-sept lettres d'adieu, car une est collective. Une lettre par jour passé dans la ville, où l'auteur, homme ou femme d'ailleurs, cherche à retrouver une personne aperçue dans un célèbre parc de la ville. 

A travers cette fiction de base, et c'est toute l'intelligence de Tiago qui opère, se mêle vrais moments vécus par les comédiens et vraies histoires propres à Lisbonne.

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De fait, chaque lettre est un précipité de ce qu’ils viennent de vivre : ils se sont rencontrés il y a trois ans à Lausanne et dans quelques jours ils se quitteront. Les seize lettres racontent cela métaphoriquement : une rencontre dans un jardin de Lisbonne entre deux êtres ; ils se promènent dans la ville, entrent dans une librairie, se quittent en se donnant rendez-vous le lendemain au jardin de leur rencontre sans échanger leurs numéros de téléphone ; le lendemain, ils ne se retrouvent pas. Et chacun décide d’écrire à l’autre une lettre d’adieu.

 

Des comédiens de demain

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On retiendra le récit d'une vielle Lisboète forcée de quitter son logement, dû à l'arriver de trop nombreux touristes dans le coeur de la ville. Récit, où l'auteur des lettres s'arrête un instant chez cette dame, récit interprété tout en sensibilité par Raphael Archinard

Ou bien encore, au douzième jour, lorsque l'auteur est à bout de nerf, fatigué d'être pris pour un touriste, et las de voir que la ville est vouée à une mondialisation du tourisme où les petites boutiques se transforment en hôtel jour après jour. Une interprétation juste et drôle de Samuel Perthuis

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Malgré la forme des lettres, elles ne seront pas des monologues, toute différentes, chacune avec sa singularité, leur écriture est un plaisir à jouer pour la troupe. Plaisir communicatif, puisque l'on sent la liberté de chacun dans l'interprétation de sa lettre.  

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De cette histoire d'amour absurde et impossible, Tiago Rodrigues leur offre une magnifique entrée en scène dont ils n'auraient pas pu rêver mieux. 

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Crée à Lisbonne, en Mai 2017. Tournée en France et en Suisse.

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